Histologie du système digestif

2018-2019

1 La cavité buccale (bucco-pharyngée)

1.1 Les lèvres

Coupe histologique d’une lèvre
 Leur versant externe est revêtu par la peau, avec un épithélium pavimenteux stratifié (malpighien) kératinisé reposant sur le derme (chorion) contenant les annexes cutanées (glandes sudorales et sébacées).

Une zone de transition (bord libre de la lèvre), le vermillon, fait le lien entre la partie externe et interne de la lèvre. Il est recouvert d’un épithélium malpighien kératinisé sans annexes sudorales ou sébacées reposant sur un tissu conjonctif fortement vascularisé, ce qui donne la couleur rouge aux lèvres.

Le versant interne est revêtu d’un épithélium malpighien non kératinisé reposant sur un chorion lâche richement vascularisé avec les glandes salivaires accessoires.

1.2 La muqueuse buccale

La muqueuse buccale
 Elle tapisse l’intégralité de la cavité buccale : elle débute à la face interne des lèvres, se réfléchit sur les maxillaires pour former les gencives et vient recouvrir la surface inférieure de la langue (muqueuse linguale).

Elle est constituée d’un épithélium malpighien reposant sur un chorion richement vascularisé avec des infiltrats lymphoïdes participant à la défense immunitaire, et quelques glandes salivaires accessoires (microscopiques). La muqueuse repose sur un tissu conjonctif sous-muqueux lâche très vascularisé. Son épaisseur varie en fonction de sa localisation (très épais au niveau des joues, quasiment absent au niveau du palais et des gencives).

Des zones de pseudo-kératinisation peuvent apparaître au niveau des zones de frottements (morsure de langue, couronne qui blesse…) pouvant être précurseur de lésions cancéreuses.

1.3 La langue

1.3.1 Généralités

Image d’une coupe de langue
 La langue est un organe musculo-conjonctif attaché au plancher buccal par le frein. Elle est essentiellement constituée de faisceaux musculaires striés à disposition plexiforme (faisceaux musculaires entrecroisés) entre lesquels se situent des glandes salivaires accessoires.

La muqueuse linguale est très fine sur sa face ventrale (dessous) et sur les bords, alors qu’elle est épaisse avec des surélévations (papilles linguales) sur sa face dorsale (supérieure).

Le tiers postérieur de la face dorsale de langue est séparé des deux tiers antérieurs par le V lingual formé par les papilles caliciformes. On trouve les papilles linguales sur les 2 tiers antérieurs de la langue et du tissu lymphoïde sur le tiers postérieur.

Les papilles linguales
 

1.3.2 Papilles filiformes

Image histologique des papilles filiformes
 Ce sont les papilles les plus nombreuses et les moins volumineuses. Elle sont visibles comme des points blancs quand on tire la langue. Il s’agit de petites expansions de la muqueuse avec un axe conjonctif très fin. L’épithélium est malpighien kératinisé au sommet des papilles (langue râpeuse, le taux de kératine dépend des espèces : peu chez l’Homme mais beaucoup chez le chat). Elles ne contiennent pas de bourgeons du goût.

1.3.3 Papilles fongiformes

Image histologique des papilles fongiformes
 Elles sont plus volumineuses mais moins nombreuses. Elles apparaissent comme des points rouges quand on tire la langue car elles sont très vascularisées. On les appelle fongiforme car elles ont l’aspect d’un champignon. Elles sont recouvertes d’un épithélium malpighien non kératinisé sur un chorion qui remonte pour former l’axe de la papille. L’épithélium peut contenir des bourgeons du goût, innervés par fibres sensitives du nerf facial.

1.3.4 Papilles caliciformes

Papille caliciforme
Ce sont les moins nombreuses (une dizaine) et les plus grosses, elles se situent au niveau du V lingual. Elle sont recouvertes par un épithélium malpighien non kératinisé et renferment les bourgeons du goût innervés par les fibres sensitives du nerf glosso-pharyngien. Elles sont délimitées de chaque côté par un sillon appelé le Vallum au fond duquel vient s’ouvrir le canal des glandes salivaires accessoires de Von Ebner (leur sécrétion permet de dissoudre les aliments et d’aider à la perception des saveurs). Au niveau des bords latéraux des sillons on trouve dans l’épithélium la présence de nombreux bourgeons du goût.

1.3.5 Bourgeons du goût

Bourgeons du goût
 Les bourgeons du goût sont des chémorécepteurs de forme ovoïde. Il y en a environ 2000 chez l’homme. Ils se situent principalement dans le vallum des papilles caliciformes mais aussi dans les papilles fongiformes, l’épithélium du palais, des joues, du pharynx et du larynx. Ce sont des cellules ganglionnaires mésenchymateuses, fusiformes avec un noyau rond, à l’extrémité supérieure on trouve un canal, le pore mucoïde de Ranvier, permettant d’avoir les signaux gustatifs relayés par les fibres nerveuses du VIIbis dans les papilles fongiformes et par le IX dans les papilles caliciformes.

1.3.6 Anneau de Waldeyer

Amygdale linguale
 Au niveau du tiers postérieur de la face dorsale de la langue se situent les amygdales linguales (tissu lymphoïde) qui participent à la formation de l’anneau de Waldeyer (association des amygdales linguales, palatines et des végétations).

On observe un épithélium pavimenteux stratifié non kératinisé qui contient un stroma lymphoïde très développé. C’est une première protection avant l’entrée digestive. Les bactéries se logent au niveau des cryptes et induisent une réponse du tissu lymphoïde : c’est l’angine.

Ces structures sont plutôt considérées comme faisant partie du système immunitaire (tissu lymphoïde associé aux muqueuses).

1.4 Les dents

Histologie de la dent
 Les dents possèdent une couronne à l’extérieur, plusieurs racines insérées dans l’os alvéolaire et la zone de jonction entre la couronne et les racine : le collet. Histologiquement, on peut décrire 4 types de tissus, de l’intérieur vers l’extérieur de la dent :

1.5 Les glandes salivaires

1.5.1 Généralités

Anatomie des glandes salivaires
 Les glandes accessoires sont microscopiques, elles sont réparties dans la muqueuse de la cavité buccale et de la langue. Les glandes salivaires principales (ou macroscopique) sont visibles anatomiquement et peuvent être réséquées par le chirurgien si nécessaire.

Les glandes salivaires produisent 1 à 1,5 L de salive par jour. Cette salive est constituée d’eau, d’électrolytes, de cellules desquamées. Elle contient des enzymes séreuses comme l’amylase, la lactoferrine (et d’autres) qui permettent de dissoudre les aliments et des enzymes muqueuses comme la mucine qui permettent de lubrifier et de faire glisser les aliments. Elle contient aussi des anticorps de type IgA et aussi quelques hormones (androgènes, corticoïdes).

La salive exerce une action mécanique de dilution des aliments, élimination des débris alimentaires, humidification. Elle commence la digestion grâce aux enzymes (amylase, maltase) et participe à la défense antimicrobienne avec la sécrétion d’Ig.

Le système nerveux autonome contrôle la sécrétion de salive, les glandes salivaire accessoires sécrètent en continu alors que les glandes salivaires principales ont besoin de stimuli pour déclencher la sécrétion.

1.5.2 Glandes salivaires accessoires

Sur le dos de la muqueuse linguale se situent les glandes de Von Ebner séreuses. Les glandes palatines et au niveau de la racine de la langue sont muqueuses et les glandes labiales et linguales antérieures sont mixtes. Leurs canaux excréteurs sont courts et peu ou pas ramifiés.

1.5.3 Les glandes parotides

Histologie de la glande parotide
 Elles sont les plus volumineuses, rétro-mandibulaires (derrière la branche montante de la mandibule), séreuses pures. Le canal collecteur est le canal de Sténon qui vient s’aboucher au niveau de la face interne de la joue. Elles involuent avec l’âge, des cellules adipeuses colonisent le parenchyme.

1.5.4 Les glandes sous-maxillaires

Histologie de la glande sous maxilaire
 Elles se situent entre le maxillaire inférieur et les muscles du plancher de la cavité buccale. Elles sont principalement séreuses mais on peut retrouver des acini muqueux. Le canal collecteur s’appelle le canal de Wharton, il se termine à l’extrémité inférieure de la langue.

1.5.5 Les glandes sublinguales

Histologie de la glande sublinguale
 Elles sont situées sous la pointe de la langue. Ce sont des glandes mixtes (séro-muqueuses) à prédominance muqueuse. Le canal collecteur est le canal de Rivinus.

1.5.6 Histologie des glandes salivaires principales

Histologie des glandes salivaire
Ce sont des glandes composées avec des lobules contenant des unités sécrétrices (formant le parenchyme salivaire) et des portions excrétrices (constituées par les canaux excréteurs). Les canaux excréteurs sont longs et ramifiés : canaux intra lobulaires (situés à la sortie des acini), canaux interlobulaires (sillonnent dans les cloisons qui délimitent les lobules) et canaux principaux collecteurs (confluence des canaux interlobulaires). La capsule fibreuse est constituée de parenchyme fibreux qui envoie des expansions (travées fibreuses) à l’intérieur de la glande, délimitant des lobules.

Types d’acini
 L’unité sécrétrice est composée d’acini ou de tubulo-acini séreux (sécrète des protéines enzymatiques), muqueux (sécrètent du mucus) ou mixtes. Elle est recouverte par une couche de cellules myoépithéliales (cellules musculaires lisses), qui se contractent pour faciliter l’excrétion.

Image des différents types d’acinus
 

Canaux excréteurs des glandes salivaires
 Les canaux excréteurs permettent l’excrétion dans la cavité buccale. Les canaux intralobulaires (appelés aussi intercalaires) se situent à la sortie de la portion sécrétrice : le tout premier canal après l’acini est appelé passage de Boll (épithélium cubique simple avec lumière étroite), ensuite on a le canal strié (de Pfluger) recouvert d’un épithélium cylindrique simple avec granulations au pôle apical et des replis membranaires basaux (mitochondries allongées) donnant un aspect strié.

Les canaux interlobulaires délimitent les lobules, ils sont uniquement excréteurs (pas sécréteurs). Ils sont recouverts d’un épithélium prismatique pseudo stratifié, avec des cellules caliciformes excrétrices situées dans les cloisons. Ils recueillent les secrétions des canaux intralobulaires. Ils se trouvent dans les sillons fibreux qui délimitent les lobules. Il y a également des vaisseaux sanguins et des nerfs. Ils sont très visibles au microscope car ils sont constitués de travées fibreuses qui se colorent au trichrome de Masson.

Image de canaux excréteurs de glande salivaire
 

Les canaux collecteurs (de Wharton, Sténon ou Rivinus) sont recouverts d’un épithélium malpighien non kératinisé. Ils recueillent les sécrétions provenant des canaux interlobulaires. Ils s’ouvrent dans la cavité buccale.

Canaux excréteurs
 

1.6 Pharynx

Le pharynx est un carrefour aérodigestif. On étudie la muqueuse des voies aériennes avec l’appareil respiratoire. Pour la partie digestive, sa fonction est de conduire le bol alimentaire de la cavité buccale à l’œsophage. Son histologie est très proche de celle de l’œsophage. Sa muqueuse contient un épithélium malpighien non kératinisé, le chorion est riche en fibres élastiques avec des glandes. La musculeuse est composée de faisceaux de fibres musculaires striées squelettiques en continuité avec l’œsophage qui a des fibres musculaires lisses. Le pharynx comporte les amygdales et les végétations (cf cours système lymphoïde).

2 Tube digestif

2.1 Histologie générale

Les 5 tuniques du tube digestif
 Le tube digestif est un organe creux composé de plusieurs parties : l’estomac, le duodénum, l’intestin grêle, le gros intestin, le rectum puis le canal anal. Sur une coupe transversale, on observe 5 tuniques de l’intérieur vers l’extérieur :

2.1.1 La muqueuse

Elle comporte l’épithélium et le chorion, et varie tout au long du tube digestif selon la fonction de la structure à laquelle elle appartient.

Types de muqueuses dans le tube digestif
 Il y a 4 principaux types de muqueuses dans le tractus gastro-intestinal :

2.1.2 La musculaire muqueuse

C’est une mince couche musculaire qui sépare la muqueuse de la sous muqueuse. Elle n’est pas présente au début du tube digestif : elle apparaît progressivement au niveau du second tiers de l’œsophage.

2.1.3 La sous muqueuse

Elle est constituée de tissu conjonctif avec des vaisseaux et du tissu lymphoïde, le GALT (Gut Associated Lymphoïd Tissue) qui fait partie des MALT (mucosa-associated lymphoid tissue) décrits en immunologie. Elle abrite les plexus de Messner du système nerveux végétatif qui contrôle les sécrétion.

2.1.4 La musculeuse

Elle est constituée de fibres musculaires lisses réparties en 2 couches : une circulaire interne, et une longitudinale externe. Dans l’estomac s’ajoute une couche interne plexiforme. Entre ces couches se situent les plexus d’Auerbach du système nerveux végétatif controlant le péristaltisme.

2.1.5 tunique externe

Elle est faite de tissu conjonctif adipeux. La partie sous diaphragmatique est revêtue par la séreuse, le péritoine.

2.2 Œsophage

Image de l’œsophage
 

2.2.1 Description histologique

Paroi de l’œsophage
 

Images des tissus œsophagiens
 À gauche la muqueuse, au centre le chorion avec des glandes cardiales, la musculaire muqueuse, la sous muqueuse avec les glandes séro-muqueuses œsophagiennes, à droite les plexus d’Auerbach entre les couches musculaires.

2.2.2 Jonction œsogastrique

Schéma de la transition tissu œsophagien tissu gastrique
 On observe une transition assez brutale entre l’épithélium malpighien œsophagien et la muqueuse gastrique cardiale.

Image de la transition œusophage estomac
 

2.3 Estomac

2.3.1 Description générale

Image de l’estomac
 À l’échelle macroscopique, l’estomac présente une muqueuse à gros plis formant des petits soulèvements ou « lobules » et criblés de petits orifices, l’ouverture des cryptes (infundibulum). On distingue 3 zones histologiques :

Au niveau du pylore, la musculeuse forme le sphincter inférieur de l’œsophage (SIO) en continuité avec le duodénum.

2.3.2 Tuniques

Tuniques de l’estomac
 

La muqueuse possède 2 étages : l’étage des cryptes et l’étage des glandes. Les glandes et le chorion sont intriqués contrairement à l’œsophage où chorion et glandes étaient distincts. La musculeuse possède 3 couches : les habituelles circulaire interne et longitudinale externe mais aussi une couche supplémentaire en interne : l’oblique interne ou plexiforme.

Image de la paroi gastrique
 On voit des invaginations de la muqueuse et les petites glandes entourées du chorion. La sous-séreuse apparait très blanche à cause des nombreux adipocytes.

2.3.3 Description générale de la muqueuse gastrique

Structure de la muqueuse gastrique
 La muqueuse possède un rôle sécrétoire pour permettre la digestion. Elle se divise en 2 secteurs :

2.3.4 La muqueuse fundique

La musculaire muqueuse produit des émanations verticales au sein du chorion qui délimitent les lobules gastriques.

Images de la muqueuse fundique
 Les glandes de la muqueuse fundique ont une lumière très étroite. Entre les glandes le chorion est très vascularisé ce qui permet le transport des sécrétions neuroendocrines, alors que les sécrétions enzymatiques sont libérées dans la lumière gastrique et permettent la digestion. À l’étage des cryptes se situe l’épithélium prismatique avec les cellules à pôle muqueux fermé formant des cryptes larges et peu profondes (1⁄4 de la hauteur de la muqueuse). Les cellules de l’étage glandulaire :

2.3.5 La muqueuse de l’antre et du pylore

Muqueuse de l’antre et du pylore
 La muqueuse de l’antre et du pylore est organisée de la même façon que la muqueuse fundique mais elle est beaucoup plus fine. L’épithélium prismatique simple à pôle muqueux fermé au niveau des cryptes se poursuit, les cryptes deviennent plus étroites et plus profondes (la moitié de la muqueuse).

Les glandes pyloriques sont tubuleuses et contournées et sécrètent du mucus qui neutralise l’acidité gastrique avant le passage dans le duodénum. On trouve des cellules neuroendocrines, principalement des cellules G qui sécrètent de la gastrine (stimulation de la sécrétion d’HCl) et du pepsinogène, mais aussi des cellules D. Il reste quelques rares cellules pariétales et des cellules principales encore moins nombreuses.

2.4 L’intestin grêle

2.4.1 Généralités

L’intestin grêle mesure entre 6 et 7m et s’étend du pylore à la valvule iléo-caecale (de Bauhin). La jonction entre le pylore et le duodénum est progressive. Il contient 3 parties : le duodénum, les anses grêles jéjunales et l’iléon. Sa principale fonction est l’absorption des produits de la digestion.

Augmentation de la surface d’échange
 4 dispositifs existent pour augmenter la surface d’absorption :

2.4.2 Structure histologique

Les villosités de la muqueuse intestinale
 

2.4.3 La muqueuse intestinale

Muqueuse intestinale
 Elle est aussi structurée en 2 couches : la couche luminale des villosités et la couche profonde des glandes.

Villosités de la muqueuse intestinale
 Les villosités sont des évaginations du chorion de la muqueuse en forme de doigt de gant qui mesurent environ 1mm de haut (contrairement aux cryptes de l’estomac qui étaient des invaginations). Au centre de villosités on trouve le chorion avec de nombreux vaisseaux pour absorber les nutriments. Le chylifère central est un canal lymphatique qui amène les lipides (triglycérides) vers le canal thoracique. Autour du chylifère central, le muscle de Brucke est une expansion de la musculaire muqueuse.

Villosités de la muqueuse intestinale
 

Glandes de Lieberkhün
 L’étage des glandes contient les glandes de Lieberkühn, glandes tubuleuses droites situées au fond des villosités. Elle contiennent différents types de cellules :

Il y a aussi des follicules lymphoïdes appartenant au GALT, plus spécifiquement dans l’iléon où les cellules se regroupent pour former les plaques de Peyer.

2.4.4 Spécificités des différentes parties du grêle

Au niveau du duodénum se trouvent les glandes de Brünner (glandes muqueuses en tube ramifiées) qui sécrètent du mucus alcalin qui neutralise l’acidité gastrique. Les valvules conniventes sont absentes.

Glandes de Brüner dans la sous muqueuse du duodénum
 Glandes de Brüner dans la muqueuse et la sous muqueuse du duodénum

2.5 Gros intestin et rectum

2.5.1 Histologie générale

Schéma de l’histologie du colon
 La muqueuse est constituée de cryptes et de glandes. L’épithélium cylindrique simple avec des glandes (tubuleuses) de Lieberkühn contient :

Le chorion est riche en tissu lymphoïde. La musculaire muqueuse sépare la muqueuse de la sous-muqueuse qui contient des plexus de Messner mais pas de glandes. La couche longitudinale externe de la musculeuse est discontinue et forme 3 bandelettes coliques (bandes caeco-colique ou Taenia-coli). Entre les deux couches, on retrouve les plexus d’Auerbach.

La sous séreuse possède du tissu adipeux très abondant et forme au niveau du colon des petits appendices épiploïques recouvert de péritoine. Au niveau du bas et moyen rectum (sous le cul de sac de douglas) il n’y a plus de péritoine : on parle de mésorectum pour la tunique externe.

Image de la muqueuse colique
 

2.5.2 L’appendice vermiforme

C’est un diverticule du caecum de 6 à 7cm de long. Il présente des follicules lymphoïdes. La musculaire muqueuse est discontinue, interrompue par les formations lymphoïdes qui débordent un peu dans la sous muqueuse. On retrouve une musculeuse à 2 couches et une tunique externe.

Schéma de l’histologie de l’appendice
 Sur cette coupe transversale, on trouve la lumière avec les matières fécales (A), la muqueuse avec les glandes (B), la sous-muqueuse avec centre germinatif bien visibles (C) et le péritoine.

2.5.3 Le canal anal

Le canal anal
 C’est une zone de jonction d’un épithélium glandulaire vers un épithélium malpighien. Il fait suite au rectum, mesure 2 à 3 cm et présente une zone colorectale glandulaire, une zone transitionnelle et une zone malpighienne suivie de la peau péri-anale.

Canal anal
 Dans la zone transitionnelle l’épithélium stratifié pavimenteux est divisé en une zone ano-rectale non kératinisée et une zone ano-cutanée kératinisée mais qui n’a pas d’annexes pilo-sébacées.

Détail du canal anal
 La sous-muqueuse contient les grosses veines hémorroïdaires. La musculaire muqueuse disparaît et se termine en valvules de Morgagni avec des replis pour former la ligne pectinée. La musculeuse devient les sphincters : la circulaire interne forme le sphincter lisse interne. Le sphincter striée externe est dans la zone ano-cutanée, il provient du muscle élévateur de l’anus. Du tissu adipeux sépare les deux sphincters.

Image histologique du canal anal
 

2.6 Synthèse

Récapitulatif des l’histologie du tube digestif
 

3 Les glandes annexes

3.1 Le pancréas

3.1.1 Généralités

Le pancréas est une glande amphicrine allongée qui mesure 20cm et qui pèse 80g. La fonction exocrine est assurée par les acini séreux et permet la sécrétion des enzymes pancréatique qui assurent la digestion. La fonction endocrine permet la sécrétion d’hormones.

3.1.2 Faible grossissement

Histologie du pancréas
 Le pancréas est un organe plein entouré par une capsule conjonctive qui envoie des travées vers l’interieur pour délimiter des lobules qui contiennent :

3.1.3 Pancréas exocrine

Le pancréas exocrine est une glande acineuse composée ramifiée. Elle libère le suc pancréatique, enzymes protéolytiques et lipolytiques sous forme de proenzymes qui sont ensuites activées dans la lumière de l’intestin. Les cellules canalaires et centro-acineuse sécrètent des bicarbonates qui viennent neutraliser l’acidité gastrique.

Acinus séreux
 L’acinus est composé de cellules séreuses pyramidales avec un gros noyau central. Leur pôle basal est basophile (beaucoup de REG et mitochondries) et leur pôle apical est éosinophile (grains de zymogènes contenant les protéases, lipases, amylases, sécrétés dans la lumière de l’acinus par exocytose) et présente des microvillosités. À la sortie de l’acinus se trouvent les cellules centro-acineuse, petites cellules appartenant au premier canal excréteur.

Canaux excréteurs du pancréas exocrine
 L’organisation des canaux excréteurs est la même que dans les glandes salivaires principales, on aura différents étages en fonction de la localisation au niveau de la glande. A partir de la lumière de l’acinus on retrouve progressivement dans l’ordre :

Canaux collecteurs du pancréas
 Les canaux collecteurs (Wirsung et Santorini) sont issus de la réunion des canaux inter-lobulaire. Ils sont revêtus d’un épithélium prismatique simple entouré d’une couche de tissu conjonctif.

3.1.4 Pancréas endocrine

La fonction endocrine du pancréas est assurée par les ilots de Langerhans.

Îlots de Langherans du pancréas
 Ce sont des travées de cellules endocrines regroupées en ilots très vascularisés par des capillaires fenêtrés. Ces ilots sont des plages arrondies plus claires que les cellules séreuses, disposés sans ordre et en nombre variable à l’intérieur des lobules pancréatiques. Il y a environ environ 1 million d’îlots dans un pancréas, soit 1-2% du volume de la glande, plus nombreux dans la queue du pancréas que dans la tête.

Il s’agit de cellules neuroendocrines : elles ont un noyau clair et rond, un cytoplasme pale, sont polygonales et sont plus petites que les cellules exocrines (100 à 200μm de diamètre). Il existe plusieurs types de cellules neuroendocrines uniquement différentiables par immunohistochimie.

Cellules neuroendocrines du pancréas
 Les 4 types principaux :

Cellules neuroendocrines du pancréas
 On trouve aussi en quantités moins importantes :

3.2 Le foie

3.2.1 Généralités

Le foie
 Le foie est la plus volumineuse des glandes digestives : il pèse 1,5 kg. C’est une glande amphicrine (fonction endocrine et exocrine). L’hépatocyte est la principale cellule du foie. Elle est d’origine épithéliale et assure toutes les fonctions.

3.2.2 Histologie générale

Lobulation du foie
 La capsule de Glisson est une paroi fibreuse qui charpente la structure interne du foie. Elle se réfléchit au niveau du hile pour délimiter des cloisons conjonctives découpant le parenchyme hépatique en une série de lobules hépatiques. Ces lobules ont une forme hexagonale, il sont séparés par des espaces portes ou espaces de Kiernan, et sont traversés en leur centre par une veine centro-lobulaire. Il faut faire preuve d’imagination pour observer le foie : les travées fibreuses ne sont pas visible de façon physiologique chez l’homme. Par contre, chez le porc qui possède un foie très proche du foie humain, les délimitations des lobules hépatiques sont visibles. Chez l’homme, la lobulation doit être « devinée » car les travées fibreuses sont invisibles, la fibrose est pathologique.

Image de coupe de foie humain
  Les cellules hépatiques sont roses, les espaces blancs sont des capillaires sinusoïdes.

3.2.3 Lobule hépatique

Détail d’un lobule hépatique
 Entre la veine centrolobulaire et la périphérie du lobule se trouvent des travées d’hépatocytes à disposition radiaire : les travées de Remak. Elles sont séparées par des capillaires sanguins : capillaires sinusoïdes. La couche externe d’hépatocytes s’appelle la plaque limitante ou lame bordante, avec des caractéristiques un peu différentes.

Schéma d’un lobule hépatique
 Sur ce schéma en 3 dimensions on se rend bien compte de l’organisation dans l’espace du lobule autour de la veine centrolobulaire. Les vaisseaux périlobulaires lien les espaces portes entre eux.

3.2.4 L’espace porte ou espace de Kiernan

Schéma de l’espace de Kiernan
 Cet espace périlobulaire permet de repérer la délimitation des lobules. Il contient des canaux :

La circulation dans le lobule hépatique se fait dans le sens centripète : Le sang périphérique vient de la veine porte et de l’artère interlobulaire , il se mélange dans les capillaires sinusoïdes pour sortir par la veine centrolobulaire qui rejoint ensuite une veine interlobaire (ou veine sus-hépatique).

Circulation hépatique dans le lobule
 La bile circule dans le sens inverse : elle est formée par les hépatocytes des travées de Remak et se draine dans le canal biliaire interlobulaire de l’espace de Kiernan.

3.2.5 Travées de Remak

Travées de Remak
 Ce sont des lames d’hépatocytes parallèles entre elles et à disposition radiaire par rapport à la veine centrolobulaire. Elles sont séparées par les capillaires sinusoïdes. Il existe des perforations entre les lames d’hépatocytes ce qui donne des travées d’aspect discontinu.

3.2.6 L’hépatocyte

L’hépatocyte est une cellule épithéliale polyédrique de 25-30 µm de diamètre, avec un noyau central nucléolé. Son cytoplasme contient l’appareil de Golji, des mitochondries (aspect éosinophile granuleux en MO), du réticulum endoplasmique lisse et granuleux, du glycogène, des lipides. On y trouve aussi beaucoup de lysosomes et de peroxysomes, des lipofuschines qui donnent la couleur brunâtre à l’organe.

Image d’un hépatocyte
 Le canalicule biliaire entre deux hépatocytes n’est pas normalement visible (ici pathologique)

Schéma d’un hépatocyte
 L’hépatocyte n’a pas de pôle apical ni de pôle basal. On lui décrit 3 interfaces :

Sur sa face sinusale, l’hépatocyte présente des microvillosités qui augmentent la surface d’échange avec le sang. Entre ces microvillosités et la cellule endothéliale du capillaire sinusoïdal se situe l’espace de Disse.

La face biliaire est liée par des jonctions sérrées à l’hépatocyte adjacent de part et d’autre du canalicule biliaire. Les 2 hépatocytes sécrètent la bile et la phosphatase alcaline à travers des microvillosités dans le canalicule qui chemine entre les 2 cellules.

La face intercellulaire est l’interface entre deux hépatocytes en dehors des canalicules. La liaison est assurée par des jonctions de communication et de cohésion, ainsi que par des dispositifs d’ancrage membranaires « tenon-mortaise ».

3.2.7 Espace de Disse

Espace de Disse
 L’espace de Disse contient les cellules de Ito ou cellules étoilées qui fabriquent les fibres réticulées de la trame de soutien du tissu hépatique. Il y a des gouttelettes lipidiques dans leur cytoplasme en lien avec leur fonction de métabolisme de la vitamine A.

3.2.8 Capillaires sinusoïdes

Schéma des capillaires sinusoïdes
 Les cellules endothéliales possèdent des pores transcytoplasmiques, elles reposnent sur une membrane basale non jointive, ce qui permet l’échange d’éléments volumineux.

Cellule de Kupfer
 La cellule de Kupfer est un macrophage hépatique (lignée des monocytes sanguins) qui possède un rôle immunitaire et dans le stockage du fer. Parfois des expansions cytoplasmiques de ces cellules passent dans l’espace de Disse. La coloration perls colore le fer en bleu, permet de mettre en évidence les cellules de Kuppfer (surtout en cas de surcharge comme sur cette image).

3.2.9 Veine centrolobulaire

La veine centro-lobulaire
 La veine centro-lobulaire (VCL) possède un endothélium discontinu, sans paroi propre. Elle est en continuité avec les capillaires radiés à l’extrémité des travées de Remak, elle contient du sang pauvre en O₂.

3.2.10 Organisation fonctionnelle du tissu hépatique

Division fonctionnelle du tissu hépatique
 En fonction de la proximité de l’espace porte ou de la veine centrolobulaire, on distingue 3 zones dans l’acini hépatique. Les hépatocytes près des espaces portes sont bien oxygénés (zone 1), ils contiennent les enzymes de la réaction oxydative et stockent du glycogène et des protéines. Les hépatocytes éloignés des espaces portes sont mal oxygénés (zone 3), ils contiennent peu d’enzymes oxydatives mais possèdent des estérases permettant la conjugaison et la détoxification.

3.3 Voies biliaires extra-hépatiques

Dessin des voies biliaires
 

3.3.1 Les canaux biliaires extra-hépatiques et le cholédoque

Ce sont des tubes à paroi musculaire. Ils possèdent un épithélium avec des replis et un chorion avec des glandes séro-muqueuses.

Le cholédoque
 Le cholédoque : schéma et image en coloration au trichrome de masson

3.3.2 La vésicule biliaire

La vésicule biliaire
 La vesicule biliaire est un sac ovoïde à paroi musculaire qui concentre et stocke la bile amenée par le canal hépatique commun. Elle évacue une bile épaisse plus ou moins muqueuse dans le cholédoque. Ça n’est pas la vésicule biliaire qui sécrète la bile : c’est l’hépatocyte. Elle la stocke simplement, il n’y a pas de glande dans la vésicule biliaire.

3.3.3 Ampoule de Vater

Ampoule de Vater
 C’est la papille au niveau de laquelle la bile se déverse dans le duodénum. Elle est maintenue fermée par le sphincter d’Oddi.